Le Plan écophyto PACA
La déclinaison du plan national à notre région PACA a nécessité des adaptations.
Notre région bénéficie de nombreux atouts: acquis sur les pratiques alternatives, conditions géoclimatiques n’ayant pas permis le développement de grandes surfaces intensives, mais favorables aux productions méditerranéennes dès le printemps.
Corollairement ces conditions engendre une multiplicité d’enjeux:
- diversité desproductions qui a demandé un investissement très importantpour la surveillance sanitaire des multiples ravageurs, l’obtention d’une représentativité suffisante des nombreux systèmes agricoles et des techniques potentiellement utilisables ou à améliorer (15 réseaux FERME ont été mis en place),
- existence d’un marché «primeurs» apportant une plus-value aux productions végétales,
- attractivité touristique tendant à favoriser l’utilisation d’espèces exotiques dans les jardins et espaces verts,
- attractivité environnementale et nécessité d’avoir de l’eau potable en quantité pour satisfaire l’évolution démographique en PACA et les flux saisonniers liés au tourisme.
Les résultats obtenus et les informations contenues sur ce réseau sont donc adaptés à ces conditions. Les documents sont accessibles dans la «bibliothèque». Ils sont utilisables en PACA ou dans des contextes comparables.
Pourquoi trouver des solutions alternatives aux phytosanitaires
- A quoi servent les phytosanitaires
- De la diminution des risques sanitaires des productions à la diminution des risques engendrés par l’utilisation des produits phytosanitaires
- Vers des solutions alternatives pour lutter contre les maladies et les ravageurs
- Produire plus avec moins de traitements
- La deuxième étape du Plan Ecophyto : vers l’agro-écologie
A quoi servent les phytosanitaires
Les organismes responsables de la destruction des cultures se sont multipliés avec les échanges entre les pays à partir du 19° siècle (mildiou de la pomme de terre, oïdium mildiou et black-rot de la vigne, phylloxera, le doryphore, la tordeuse orientale du pêcher, le pou de San José, la pyrale du maïs…), engendrant des pertes économiques et des famines (Irlande avec le mildiou de la pomme de terre au 19°).Aujourd’hui, malgré des dispositifs importants dans chaque pays pour contrôler l’entrée et la propagation de ces organismes, la multiplication des échanges et, depuis peu le changement climatique, de nouveaux parasites et maladies apparaissent chaque année dans notre pays atteignant nos cultures qui y sont naturellement non résistantes.
De la diminution des risques sanitaires des productions à la diminution des risques engendrés par l’utilisation des produits phytosanitaires
Depuis l’antiquité, comme pour les maladies humaines et animales, l’homme a cherché des parades: (cuivre, souffre… utilisés en très grande quantité aux 19° et début du 20ème siècle), mais c’est avec la pharmacopée chimique que les phytosanitaires ont été développés permettant l’intensification nécessaire à l’alimentation d’une population croissante en particulier après la seconde guerre.
Ces solutions «miracles» et leur multiplication ont rapidement dues être encadréesen raison de la grande quantité de produits utilisés et de la toxicité de certains d’entre eux. Ainsi dès 1943, une loi organise le contrôle et la mise en marché de ces produits qui doivent faire l’objet de test de toxicité.
La règlementation se poursuivra par l’obligation d’homologation des produits à la fois sur la substance active et sur le produit formulé mis en circulation. Cette homologation sera ensuite restreinte à un ou des usages particuliers.
Puis, les préoccupations environnementales conduisent à la mise en place de mesures de suivi qui mettent en évidence les pollutions générées par certains d’entre eux. Le recul des années d’utilisation fait aussi apparaitre les risques sanitaires, d’abord pour les utilisateurs en contact direct avec ces produits.
La directive européenne 91/414/CEE permet ensuite l’harmonisation des procédures d’Autorisation de Mise en Marché (AMM) et la réduction du nombre des molécules autorisée en Europe.
Le coût des produits et la résistance des productions à certains d’entre eux font partie des premiers moteurs de la recherche avant même que l’on évalue la dangerosité des produits que l’on connait maintenant.
La MSA met en place un dispositif important de prévention.
Vers des solutions alternatives pour lutter contre les maladies et les ravageurs
Il faut alors rechercher des voies pour limiter le recours aux phytosanitaires et leur effet: raisonner leur utilisation, limiter leur transfert vers le sol et les eaux, adopter des systèmes moins dépendants, utiliser des pratiques alternatives souvent combinées pour être efficaces.
Un certain nombre d’initiatives sont mises en place en PACA par la profession agricole : enherbement des vergers à partir de 1974, recherche sur la lutte intégrée portée par les stations. d’expérimentations dès les années 80 fortement soutenues par la Région.
Les méthodes alternatives font l’objet de nombreux travaux: techniques mécaniques, piégeage des ravageurs, biocontrôle, sélection variétale, gestion des parcelles...
La recherche et l’expérimentation de techniques alternatives permettent alors le développement de nouvelles pratiques, encouragées par la PAC (MAE notamment), imposées par la directive européenne, puis par l’Etat qui met en place des mesures plus restrictives: cellules d’observation régionales se suivi de la protection des eaux (1998), retrait des molécules les plus dangereuses, encadrement des conditions de traitement (arrêté 2006), obligation de contrôle du matériel, mise en place de la filière de récupération des déchets phytosanitaires avec ADIVALOR. Les programmes de l’Agence de bassin Rhône Méditerranée financent les actions ciblées par les orientations du SDAGE parmi lesquelles celles visant la réduction des pollutions ponctuelles et diffuses causées par les phytosanitaires. La conversion et le maintien des pratiques d’AB participent de cette évolution; PACA est la première région de France dans ce domaine.
La Directive Européenne «pesticides» a été remplacée par le règlement (CE) n° 1107/2009, l’un des 4 textes du « paquet pesticides » adopté le 21 octobre 2009.
Ces efforts ont été amplifiés avec le Plan national Ecophyto 2018, réponse nationale à la directive européenne, décliné et mis en œuvre dans chaque région.
Ce Plan, piloté par le Préfet, est gouverné par un Comité réunissant l’ensemble des administrations, des représentants de la recherche et du monde associatif: notamment environnement et consommateurs. Il concerne tous les usages des phytosanitaires agricoles et non agricoles.
L’objectif, et corollairement la question principale, devient alors:
Produire plus avec moins de traitements
Il s’agit d’un nouveau défi environnemental et sanitaire devant répondre aux enjeux alimentaires d’une population qui ne cesse de s’accroître.
La première étape du Plan Ecophyto, qui s’est achevée fin 2014, était constituée par 9 axes complémentaires d’actions allant de la recherche à la communication en passant par l’expérimentation et la formation: dispositif mettant en lien les différents échelons utiles aux échanges et au raisonnement économique des filières: local, région, filière, national. Cette coordination des moyens existants à tous les maillons de la chaîne, complété par des actions nouvelles, a été relativement innovante dans un domaine où les connaissances, les actions et les moyens étaient dispersés et pas obligatoirement reliés. Elle a permis une cohérence dans la programmation des objectifs, les échanges de savoirs et de techniques (site national), la priorisation des besoins et les moyens à apporter, la construction des outils accessibles à tous pour développer des alternatives aux traitements.
Elle a notamment permis de former l’ensemble des professionnels en lien direct avec ces produits (agriculteurs, distributeurs, conseillers) aux dangers, aux solutions de réduction ou d’évitement des traitements, d’améliorer la surveillance des ennemis des cultures, de tester en vraie grandeur la faisabilité technico-économique d’itinéraires techniques respectant ces objectifs (réseau FERME DEPHY) afin d’identifier les systèmes économiques performants, enfin, de commencer à diffuser les résultats. Ce dernier aspect est l’une des clés du développement futur des nouvelles pratiques. Il est d’autant plus innovant qu’il aborde également la question sous l’aspect des résultats économiques liés à la combinaison de techniques alternatives adaptées à l’exploitation.
La deuxième étape du Plan Ecophyto: vers l’agro-écologie
Un bilan des premières années a fait l’objet d’un rapport rendu au premier Ministre fin décembre 2014 (Rapport POTTIER). Sur la base du bilan des acquis et des enjeux, il propose des évolutions du Plan. Cette nouvelle programmation doit s’appliquer dès 2015. L’approche systémique devient beaucoup plus globale, prenant en compte l’ensemble des moyens qui permettent de réduire les traitement: gestion du sol, utilisation de la biodiversité….a pour ambition d’accompagner l’évolution de l’agriculture vers de nouveaux systèmes agro-écologiques «produisons autrement».
Le transfert et le développement des acquis vers tous les usagers actuels et futurs: jeunes, grand public sont la suite logique et le cœur du nouveau programme.